Conservation du patrimoine souletin

La particularité de Bortükariak est que ce n'est pas qu'une simple association de randonnée. Grâce à un projet Leader en 1993 et 1994, l'association a pu engager la rénovation d'un cayolar, celui de Pixta. 

Le cayolar ou "olha", en basque souletin, est cette cabane de berger qui servait lors de la transhumance des troupeaux. C'est là que certains bergers fabriquent toujours le fromage d'estives.

Dans ces refuges que se partageaient généralement plusieurs bergers, souvent copropriétaires, chacun avait une tâche qu'il exerçait à tour de rôle. Avec le temps, certains cayolars, "pekoak" (ceux d'en bas) et "artekoak" (ceux du milieu), inutilisés, sont tombés à l'abandon. Les cayolar les plus hauts, "gainekoak", sont quasiment les seuls qui restent en état aujourd'hui puisqu'ils ont souvent été reconstruits conformément aux normes en vigueur.

Les randonneurs sont sensibles à la destruction des cayolars et Bortükariak a envisagé d'en restaurer certains dès 2005. "Nous avions des contacts avec l'Université de Pampelune. Nous y avions rencontré un professeur. Mais ce sont des dossiers lourds à constituer" regrette Jacques Hidondo, de l'association. Les fonds européens, en particulier ceux des programmes transfrontaliers, sont difficiles à obtenir.

Il y a aujourd'hui une centaine de cayolars à l''abandon en Soule. "Notre idée n'est pas forcément de les restaurer tous, ce serait trop difficile. Mais il est vrai que j'aime l'idée de faire le tour de la Soule en dormant dans les cayolars, en traversant les vallées de Sainte-Engrâce, de Larrau et des Arbailles" explique Jean-Claude Séhébiague.

 

Projet Ohla

 Le cayolar ou l’olha -cabane de berger- constitue la pierre angulaire d’un système agro-pastoral ancestral toujours en vigueur sur la montagne basque.

Pour autant l’évolution de la pratique de la transhumance, l’ouverture d’accès routiers et le changement des modes de vie ont entraîné l’abandon progressif de bon nombre d'entre eux, qui tombent aujourd’hui en ruine.

A l’initiative de Bortükariak, une association souletine de randonneurs soucieux de conserver ce petit patrimoine bâti montagnard, le projet OLHA est né.

 

L'objectif de ce projet consiste à restaurer, en facture traditionnelle et par le biais de chantiers d'insertion, quelques unes de ces cabanes afin qu'elles puissent servir d'abris pour randonneurs tout en continuant d’être le témoin d’un riche passé.

 

Principes fondateurs au réaménagement des cayolars

- le cayolar n'a plus de vocation pastorale

- le cayolar est éloigné de toute route carrossable. Un engagement est pris, auprès des copropriétaires pour en maintenir l'accès par sentier.

- le cayolar sera réhabilité en utilisant les matériaux traditionnels et en retrouvant les techniques de construction d'origine, à partir des savoir-faire paysans, ce qui demandera aussi un travail de recherche pour retrouver les gestes, les outils, les méthodes…

- conformément à la coutume d'organisation pastorale, le cayolar demeurera toujours la propriété des porteurs de parts. Il servira d'abri gratuit pour les randonneurs qui parcourent la montagne basque hors des sentiers battus.

 

Quels sont les cayolars concernés ?

- le cayolar d'Olhadübi, sur la commune de Larrau, en bordure du GR10 et du torrent éponyme sera le premier à être rénové. Le début des travaux est programmé pour l'automne 2012.

- les cayolars de Ganagerre, sur la commune de Sainte-Engrâce, et Zihigolatze, sur la commune de Larrau, devraient suivre sur l'année 2013.

 

Les cayolars d'Ardane (Pekoa et Gainekoa), de Pixta Pekoa ont déjà été rénovés lors de programmes précédents

 

Quelle est la procédure suivie ?

L'association Bortükariak prend contact avec l'ensemble des copropriétaires et leur présente le projet de réhabilitation.

Une convention de prêt à usage est signée entre les deux parties.

L'association Bortükariak s'engage à suivre le bon fonctionnement du chantier de rénovation ainsi que l'entretien du cayolar et des accès.

Le cayolar reste la propriété des porteurs de parts (txotx) et est ouvert gratuitement au public de randonneurs qui y trouve couchage et cheminée.

 

Une démarche portée par les habitants de la vallée :

- les copropriétaires des cayolars acceptent de confier leur bien et sont invités à participer au suivi des travaux.

- l'association Bortükariak, composée de bénévoles randonneurs, s'occupe de toute la gestion des opérations.

- l'association Interface, agréée "atelier chantier insertion"  est le maître d'oeuvre de la réalisation technique des chantiers.

- La Communauté de communes de Soule, la Commission syndicale du Pays de Soule et l'Office de tourisme de Soule, chacun dans son domaine de compétence, aident à la réalisation du projet.

Le programme Olha est financé par des fonds Leader.

 

Le cayolar, coeur d'un ancestral système pastoral, toujours en vigueur

La vie pastorale est régie depuis la nuit des temps par les droits de cayolars, lesquels sont formalisés, en 1520, dans la "Coutume de Soule" : ... les bergers logeaient socialement dans des cabanes qui étaient la propriété indivise d'un groupe d'habitants ou d'une vallée, que les bergers possédaient en copropriété. Egalement le terrain entourant la cabane sur une centaine de mètres, ceci afin d'y établir leur parc à bestiaux. Enfin le troupeau a droit de pacage sur les pâturages du Pays de Soule et les bergers avaient l'usage d'une portion de forêt dont ils pouvaient tirer le bois nécessaire aux cabanes ...

La gestion de la vie pastorale et des bien indivis est toujours aujourd'hui organisée par la Commission syndicale du Pays de Soule qui regroupe des représentants de 43 communes et qui administre 15.000 ha de pâturages et de forêts, répartis entre une soixantaine de cayolars. Dans cette zone pastorale, les bergers bénéficient toujours de la jouissance et du libre parcours des pâturages, ainsi que de la possibilité d'utilisation du bois.

 

Ainsi, chacun de ces cayolars matérialise une unité pastorale dont le droit de pacage et de parcours est partagé par plusieurs éleveurs, autour du principe du txotx, lequel est rattaché à la maison de l'éleveur et se transmet avec l'exploitation, au fil des générations. Chaque membre du cayolar dispose d'un ou plusieurs txotx, suivant la taille de son troupeau.

Le souletin n'est pas, à la différence d'autres régions, un berger de métier. De tous temps, il a utilisé la montagne toute proche pour étendre, les mois d'été, la faible capacité de son exploitation dans la vallée. Le pastoralisme souletin est communautaire et égalitaire. Sur chaque cayolar, les troupeaux des copropriétaires étaient réunis et les tâches de surveillance, soins des bêtes et production fromagères étaient également réparties. Aujourd'hui, la pratique de la transhumance a évolué, un seul éleveur étant présent chaque jour et, sauf cas spécifiques, la production fromagère ne se fait plus en estives. Cela dit, et même s'il est effectivement vrai que la forme d'organisation actuelle est un succédané du système ayant fonctionné naguère, elle n'en demeure pas moins un remarquable modèle de fonctionnement collectif.

 

 

Photos du Cayolar d'Olhadubi après rénovation. (Décembre 2013.)